lundi 29 octobre 2012

Trois questions (parmi tant d'autres) sur la réforme migratoire

Cubamania poursuit le débat à la suite de l'annonce de la réforme migratoire à Cuba. Trois questions (parmi tant d'autres...).


Quelles relations à venir avec les Etats-Unis ?

Des centaines de milliers de Cubains vivent aux Etats-Unis. L’immigration est au cœur des divergences entre les deux pays. La réforme cubaine met au pied du mur l’administration américaine. En effet, les Etats-Unis ont toujours incité à l’immigration clandestine, à des fins politiques. Les images de balseros quittant l’île dans des embarcations de fortune étaient une manière de discréditer le système politique cubain. Pourtant, un accord migratoire existe, signé dans les années 94-95 sous l’ère Clinton. Les Etats-Unis s’engageaient à délivrer plus de 20 000 visas par an aux Cubains. Un seuil jamais atteint. Au lieu de cela, les Etats-Unis appliquent une législation unique : la loi d’Ajustement cubain. Elle permet à tout Cubain arrivant illégalement sur le sol américain sans se faire arrêter d’obtenir des papiers (7400 ont obtenu ce statut entre le 1er janvier et le 30 septembre 2012). Ce qui s’est avéré être un énorme appel d’air envers des milliers de personnes préférant tenter leur chance par la mer plutôt que dans des marathons administratifs légaux volontairement freinés par Washington. Cette loi justifiée par les Etats-Unis pour contrecarrer la politique migratoire cubaine, vit-elle ses derniers mois ?


La Section des intérêts nord-américains à La Havane (photo S.M.)


Quels pays seront les plus sollicités ?


L’Amérique latine hispanophone sera une destination privilégiée des Cubains. Le Canada et le Mexique, limitrophes avec les Etats-Unis, pourraient servir de porte d’entrée. En Europe, l’Espagne est en pôle position. L’Italie, dont la politique était jugée plutôt laxiste par les Cubains, pourrait voir les demandes de visas augmenter. La France ou l’Angleterre ne sont aujourd’hui pas excessivement prisées. « L'important maintenant sera de savoir comment obtenir un visa des pays qui critiquaient Cuba pour ne pas donner de permis de sortie » expliquait dans le Miami Herald Max Lesnik, directeur de Radio Miami et de l'Alliance Martienne, défendant le rapprochement avec les autorités de l'île. « Ces pays devront offrir les visas correspondants, et ces Cubains qui disaient auparavant qu'ils ne pouvaient pas voyager se rendront compte que les restrictions ne viennent pas de Cuba mais des pays qui critiquent Cuba ».


L'Ambassade d'Espagne à La Havane, au premier plan (photo S.M.)


Vers la fin des crises migratoires?

La réforme cubaine rend obsolète la politique américaine dans ce domaine. Même si un porte-parole americain a indiqué que « cela ne changera rien à la politique en vigueur ». Depuis 50 ans, plusieurs crises migratoires ont éclaté. La première a été appelé l’Opération Peter Pan (1960-1962). Montée par la CIA et l’Eglise cubaine, elle avait exfiltré de l’île 14 000 enfants cubains, sans s’occuper des parents. Ce qui avait contribué à séparer des familles durant des années.
Les départs massifs de Mariel (avril-octobre 1980) étaient cette fois une initiative de l’Etat cubain permettant à 125 000 candidats à l’exil de quitter l’île en s’embarquant sur des bateaux venus les chercher de Floride.
Enfin, la crise des balseros (été 94) lorsque des personnes ont choisi de partir sur des radeaux. L’Etat a depuis renforcé la surveillance de ses côtes, afin d’empêcher ces départs clandestins maritimes. Les chances d’aboutir étant faibles du fait de la chaleur, du courant et des requins.

Sébastien Madau

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire