samedi 20 octobre 2012

Immigration: l'éditorial de Granma

L'annonce de la réforme de la loi migratoire cubaine a été accompagnée dans le quotidien Granma d'un éditorial dans l'édition de mardi.

"Par la volonté commune de la Nation cubaine"

Dans le cas de Cuba, la question migratoire a été historiquement l’objet de violentes campagnes médiatiques mises en place et dirigées par le gouvernement des États-Unis et d’autres forces qui, dans ce pays, se sont opposées à la Révolution depuis le début. Cette manipulation a eu pour but de semer le trouble au sein de l’opinion publique internationale et parmi notre peuple. Nombreuses ont été les victimes, y compris mortelles, des dramatiques situations générées à partir de la politisation de cette question sensible par les ennemis de Cuba.
C’est pourquoi toute analyse de la problématique migratoire cubaine passe inéluctablement par la politique d’hostilité que le gouvernement des États-Unis a menée contre notre pays depuis plus de 50 ans. L’application d’un blocus économique génocidaire et illégal, et la tentative de fabriquer une opposition interne au moyen d’actions subversives, ainsi que l’utilisation d’agents à leur solde, en ont été les composantes essentielles. Cette politique est allée des campagnes médiatiques et au vol de cerveaux, jusqu’aux attentats terroristes, aux sabotages et aux agressions de toutes sortes.
La politique migratoire de Cuba, tout au long de ces années de Révolution, s’est basée sur la reconnaissance du droit des citoyens à voyager, à émigrer ou à résider à l’étranger, et sur la volonté de favoriser les relations entre la Nation et son émigration. En même temps, elle s’est fondée sur le droit légitime de nous défendre face à l’agressivité de Washington. Les dispositions visant à réglementer les flux migratoires du pays furent adoptées dans des circonstances imposées par les agressions perpétrées dans ce domaine par les différentes administrations étasuniennes, avec l’aide de leurs alliés de Miami.
Comme l’affirmait le Président Raul Castro lors de la clôture de la 8e Période ordinaire de sessions de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire, le 23 décembre 2011, « ... Nous ne pouvons pas oublier que nous sommes le seul pays de la planète dont les citoyens sont autorisés à s’installer et à travailler sur le territoire des États-Unis sans aucun visa... en vertu de la criminelle Loi d’Ajustement cubain ; et de la politique des "pieds secs, pieds mouillés", qui encourage le trafic de personnes et qui a provoqué la mort de nombreux innocents. »
Depuis le début même de la Révolution, notre pays a été victime d’un pillage effréné de ses professionnels. Plus de la moitié des 6 000 médecins que nous avions à ce moment-là émigrèrent principalement aux États-Unis. Un grand nombre de nos meilleurs ingénieurs et techniciens furent encouragés à émigrer, dans le but d’entraver le développement économique et social de la nation. À ces actions s’ajouta plus tard, entre autres, le programme de visas pour les professionnels cubains de la santé, mis en place par Washington en 2006, qui poursuivait des objectifs similaires.
C’est pourquoi, tant que persisteront les politiques qui encouragent le vol des talents et visent à nous dépouiller des ressources humaines indispensables au développement économique, social et scientifique du pays, Cuba sera contrainte de maintenir des mesures pour se défendre sur ce front.  
Le double standard et le caractère inhumain de cette politique qui encourage, d’une part, les sorties illégales du pays, et d’autre part, empêche la possibilité d’une émigration légale, ordonnée et sûre, ont été appliqués avec la claire intention de transformer les Cubains désireux de s’établir dans d’autres pays en des soi-disant opposants politiques et en un facteur de déstabilisation interne.
Du fait de cette politique irrationnelle et irresponsable, différentes crises migratoires se sont succédées tout au long de ces années : Camarioca, en 1965, Mariel, en 1980 et la crise des balseros de 1994.
Néanmoins, Cuba a montré sa disposition permanente à coopérer dans la recherche de solutions raisonnables à ce problème complexe, et elle a travaillé avec constance pour normaliser les relations avec ses ressortissants, encourager une émigration ordonnée et sûre, et faciliter les voyages de ses citoyens à l’étranger pour des raisons personnelles.  
Les nouvelles mesures migratoires annoncées par décision souveraine de l’État cubain ne constituent pas un fait isolé. Elles s’inscrivent dans le cadre d’un processus irréversible de normalisation des relations de l’émigration avec sa Patrie.  
L’immense majorité des Cubains installés dans plus de 150 pays entretiennent des liens stables avec leur Patrie et avec leurs familles, s’opposent au blocus et ne souhaitent pas qu’une politique agressive soit appliquée contre leur pays d’origine.
Lors de la cérémonie d’adieu de sa Sainteté Benoît XVI, le 28 mars dernier, le président cubain déclarait : « Nous reconnaissons la contribution patriotique de l’émigration cubaine, depuis l’apport décisif à notre indépendance des ouvriers du tabac de Tampa et Key West, et de tout ceux qui soutinrent les aspirations de José Marti, jusqu’aux personnes qui s’opposent aujourd’hui à ceux qui attaquent Cuba et manipulent la question migratoire à des fins politiques. Nous avons réalisé des efforts soutenus vers la pleine normalisation des relations de Cuba avec son émigration, qui ressent de l’amour pour la Patrie et pour ses familles, et nous persisterons dans ces efforts par la volonté commune de notre Nation. »

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