dimanche 14 octobre 2012

Courrier des lecteurs de Granma


Dans l'édition du vendredi 12 octobre, le respect des avis divergents dans les collectifs, la suite du débat sur l'égalitarisme dans l'éducation et un consommateur qui revendique plus de droits pour les clients.

Les voix divergentes dans le débat national
F.J. Fernandez Padiz souhaite aborder le thème de l'expression citoyenne dans les débats menés sur l'île. Il part des propos du président Raul Castro qui invitait les Cubains à "émettre avec sincérité nos avis, à nous dire la vérité en face, en se regardant dans les yeux, y compris en divergeant de ce que disent les chefs, quand nous considérons que nous avons raison".

La place des Cubains dans le débat national est posée (DR)


Le lecteur souscrit à cette consigne mais estime que "ce qui se dit et s'inscrit facilement est un processus très complexe, car durant de nombreuses années, cela n'a pas été une pratique habituelle. Les supérieurs se sont habitués à cette situation (et n'aiment pas ou n'acceptent pas qu'on les critique), mais les subordonnés se sont aussi accomodés à vivre sans se chercher de problèmes". Selon lui, "cela a ouvert le chemin à des opportunistes et des profiteurs, de véritables artistes pour dire ce que les chefs aiment entendre".
Les citoyens cubains auraient-ils jeté l'éponge en termes de débat? Le lecteur affirme que la population aime participer. "Le débat populaire sur les mesures de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution le démontrent" souligne-t-il tout en regrettant qu'il "n'existe pas de climat adéquat, (...) la conséquence du fait d'avoir durant des années combattu ceux qui avaient des avis divergents, en les cataloguant au mieux d'empêcheurs de tourner en rond et au pire de problématiques et conflictuels".
Il demande aux hiérarchies de "regarder la participation dans les discussions et les votes dans les réunions ou événements comportant des recherches d'accords avec leurs subordonnés. (...) Nous pouvons être sûrs que beaucoup parmi les participants n'ont pas exprimé ce qu'ils pensaient et c'est dommageable, comme l'a dit Raul car ils émettront ensuite ces avis dans les couloirs ou des lieux inappropriés".
Lors de ce type de réunions, "on ne doit pas permettre que lorsqu’un thème est soumis à la considération d'experts, on cherche à appuyer une décision déjà prise à l'avance (...) C'est par là que doit commencer le changement ; d'une part en vérifiant ce qui s'approuve sans avoir été débattu et d'autre part en jugeant les chefs qui se prononcent ou agissent contre ceux qui ont des avis différents, en exigeant que les réunions ne soient pas des monologues où seuls parleraient les chefs".
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En finir avec l’égalitarisme : socialisme et néolibéralisme ?
N. Paez del Amo, le lecteur qui avait lancé une polémique dans l'édition du 28 septembre 2012 au sujet de la gratuité intégrale dans l'éducation réécrit à nouveau à Granma après que son courrier initial a suscité bon nombre de réactions. Ce dernier soutenait que les fournitures scolaires ne devaient plus être systématiquement données à tous les élèves mais seulement à ceux vivant dans des familles aux revenus modestes. Des réactions avaient jugé sa position comme "néolibérale".
La gratuité devrait-elle se limiter aux familles aux revenus modestes ? (photo S.M.)
N.Paez del Amo insiste en s'inscrivant dans le cadre du socialisme. "L'obligation de l'Etat consiste à garantir la juste rétribution du travail des parents, selon le principe socialiste : à chacun en fonction de la quantité et qualité de travail qu'il apporte, et seulement subventionner (sous forme d'allocation, ndr) ceux qui en ont vraiment besoin".
En fait, le thème revient sur une question clé: les salaires cubains. Il juge urgent "la révision et modification radicale de la politique salariale à Cuba, pour que le travail devienne une bonne fois pour toutes, l'unique source de richesse et de bien-être". Or, "il est certain qu'avec les salaires actuels, une grande quantité de parents ne pourra pas acquérir des livres, des uniformes et des fournitures scolaires, mais avec une réforme salariale adéquate, cette nécessaire répartition salariale servira de stimulant à ces parents pour faire plus d'efforts au travail afin d’obtenir de meilleurs revenus et assumer les dépenses de leurs enfants".
Les réformes n'auront aucune conséquence sur le système éducatif cubain. "On continuera à offrir une éducation de grande qualité et gratuite (...) Nos enfants et jeunes continueront à arborer leurs uniformes, mais acquis grâce à la sueur productive de leurs parents qui exigeront d'eux qu'ils en prennent soin".
Le lecteur défend donc l'idée d'une allocation à la personne plutôt qu'au produit ou au service. Il juge en outre "absurde" l'accusation de "néolibéralisme" à son encontre. "Nous parlons de perfectionner notre système socialiste, antithèse du néolibéralisme, et éradiquer des gratuités qui pèsent sur la productivité et la compétitivité du travail".
Et de conclure: "Les opportunités continueront d'être le patrimoine de tous, moyennant efforts, et nous ne perdrons pas un seul talent par manque de ressources comme c'est le cas avec le capitalisme, mais on perdra des millions de pesos en promouvant l'égalitarisme et, encore plus important, en contribuant à l'inneficacité et le laisser-aller comme cela a été le cas jusqu'à présent ».
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Les droits du client
Le lecteur J. Bedriñina Isart relate son expérience suite à l'achat d'un vélo électrique. Il dénonce : "aucun des élements essentiels que nécessite cette bicyclette électrique pour qu'elle fonctionne, ne se vend normalement dans nos magasins. Même pas les batteries qui sont leurs combustibles". Il estime que "les clients n'ont aucun droit" dont celui d’"entamer une action contre un de ces grands magasins de distribution de produits". Même si aucune enseigne ne se dit "responsable", "elles continuent à vendre, ce qui est son unique intérêt, en augmentant leurs gains grâce aux coûts élevés qu'ils imposent aux produits. Nous sommes, en tant que consommateur, les seuls pénalisés".

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